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Informations générales
(Collection de Yves Delaporte)
Vous connaissez un pin's, une épinglette, un
badge, etc., qui ne figure pas ici,
Vous voulez réaliser des échanges : contactez Yves
Delaporte
L'ensemble des pin's sourds sont présentés sur la page
Tous
pays.
Des pages spécifiques présentent les très nombreux
pin's de
certains pays tels que l'Australie,
la France,
la Roumanie
et les USA.
Une page est dédièe aux Jeux
mondiaux des sourds.
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LES
INSIGNES SOURDS
Au début des années 1990, la France est
atteinte par la « pin’smania », la folie
du pin’s : chaque marque commerciale, chaque entreprise,
chaque association, chaque club sportif veut le sien. En peu de temps,
ce sont des millions de pin’s qui sont édités. Le
monde sourd n’échappe pas à cet engouement. Une
coïncidence de dates y contribue : c’est la fin de l’époque
du « Réveil sourd », quand les sourds réinvestissent
progressivement l’espace public d’où le congrès
de Milan (1880) les avait évincés. Les pin’s leur
permettent d’afficher avec ostentation leur identité sourde
retrouvée.
Dès 1991, dans les
Cahiers de l’Histoire des Sourds, Bernard Truffaut, une fois
de plus précurseur, avertit ses lecteurs : comme les écussons,
fanions, tampons, brassards, emblèmes, les pin’s « méritent
d’être précieusement conservés. […]
Ça peut paraître un simple amusement. En réalité,
dans vingt ou trente ans, ces pin’s auront déjà
acquis une certaine valeur historique ».
Vingt ans : nous y sommes. La pin’smania est loin derrière
nous et les pin’s que l’on arborait fièrement en
1992 ont depuis longtemps été relégués dans
des tiroirs. Il était plus que temps de tenter de les recenser
avant qu’ils ne disparaissent définitivement. Cette quête
n’a aucune raison de se limiter aux seuls pin’s. Il y a
lieu de l’étendre à l’ensemble des insignes
sourds : tout objet porté sur soi et qui révèle
une appartenance identitaire.
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On proposera ci-dessous une classification sommaire :
• De forme circulaire,
avec une surface légèrement bombée, le
badge est apparu aux USA à la fin du XIXe siècle.
Il a longtemps comporté au dos, dans sa partie creuse, une épingle
(fig. 1) et, plus récemment, un fermoir (fig. 2). En France,
il a été en vogue dans les années 1960, souvent
pour afficher des idées contestataires (par exemple contre l’armement
atomique) ou des goûts musicaux. Il revient actuellement en force,
après avoir été un moment éclipsé
par le pin’s. Les sourds en portaient naguère lors des
fêtes, banquets et manifestations, souvent, semble-t-il, fixés
à un ruban (fig. 7 et 8). Certains badges, notamment chez les
scouts, sont en tissu ou en feutre.
• La broche (fig. 3) qui, comme le badge, a précédé
le pin’s, a un système d’attache identique. Mais, contrairement au badge, la broche est plane et peut avoir des formes variées.
• L’épinglette
(fig. 4), tout aussi ancienne, est munie d’une longue aiguille.
Elle a une forme géométrique simple : ronde, ovale, carrée
ou rectangulaire. Elle a été répandue surtout dans
les pays de l’Europe de l’Est.
• Le pin’s (fig. 5) est le plus souvent
plat, mais il arrive qu’il soit en trois dimensions. Il présente
les formes les plus variées : ses contours peuvent épouser
ceux d’un monument, d’un personnage, d’un animal,
d’un département – et, dans le cas des pin’s
sourds, ceux d’une oreille...
Le pin’s se caractérise avant tout par son « tack »,
attache en forme d’ailes munie de petits ressorts destinés
à pincer un piton soudé à la face postérieure.
Si le pin’s est volumineux, il peut comporter deux tacks (fig.
6). Ce système d’attache est beaucoup plus pratique que
ceux des autres insignes, et c’est lui qui explique le succès
du pin’s. Il se prête bien également à la
collection : on enfonce le piton sur une mince plaque de liège
et on fixe le tack de l’autre côté de la plaque.
Le pin’s est parfaitement immobilisé et peut être
détaché en quelques secondes. À l’inverse,
le badge est à peu près impossible à fixer sur
un matériau solide. C’est pourquoi la grande majorité
des collectionneurs se limite aux pin’s.
Le mot français pin’s (daté de 1989 par le dictionnaire
Robert) provient de l’anglais pin (pluriel pins) « aiguille ».
C’est un faux anglicisme qui copie, sans aucune raison linguistique,
la forme du génitif anglais. La recommandation officielle de
remplacer pin’s par aiguillette n’a été suivie
d’aucun effet. Les Québécois parlent joliment d’épinglettes,
mais cela peut introduire une confusion avec la catégorie décrite
ci-dessus sous le même nom.
• Parmi les insignes, on peut faire aussi entrer
les médailles, tout du moins les médailles
dites « flottantes » destinées à
être portées sur soi, et non celles que l’on expose
dans une vitrine.
Fig. 6. PIN’S
avec double attache.
Lions
Club d’Alabama (USA). |
Fig. 1. BADGE ANCIEN
Association
des sourds et muets de Newcastle (Australie). Années 1940.
Fig. 2. BADGE MODERNE
Équipe
des USA aux Jeux mondiaux
des Sourds. Bucarest (Roumanie), 1977.
Fig. 3. BROCHE
Association
des Sourds de
Roumanie, pour le 75ème
Anniversaire de sa fondation. 1994.
Fig. 4. ÉPINGLETTE
Jeux
mondiaux des Sourds.
Zagreb (Yougoslavie), 1969.
Fig. 5. PIN’S
Jeux
mondiaux des Sourds.
Los Angeles (USA), 1985. |
Fig. 7. Photographie d’un défilé
de l’Association fraternelle des sourds-muets
La plupart des participants portent un ou plusieurs insignes sur leur
veste. Les Lilas, juin 1921.
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Ci-dessus et ci-contre :
extraits de la photographie d'un défilé.
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Fig. 8-a :
Association des Sourds-Muets de l’Orléanais. Insigne porté
pendant les banquets en hommage à l’abbé de l’Epée.
Image communiquée par Bernard Truffaut, coll. Association Etienne
de Fay. |
Fig. 8-b :
Insigne
porté pour une fête des anciens élèves de l’American
School for the Deaf (USA). 1925.
Coll. YD.
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Dans les thèmes apparaissant sur les insignes :
- les associations tiennent la première place.
Il y a les associations liées à une ville, un département,
une région, un pays. Il y a les associations thématiques
(enseignement de la langue des signes, théâtre…).
Il y a les associations sportives, clubs locaux ou fédérations
nationales. Chaque association ou presque a son insigne, et en éditait
souvent d’autres pour commémorer les anniversaires successifs
de sa fondation. On en édite pour une rencontre, un congrès,
une fête.
- Les Jeux mondiaux donnent lieu à une production de plus en
plus abondante au fil des années. Chaque discipline de chaque
équipe nationale a aujourd’hui son pin’s. Les badges
des Jeux mondiaux antérieurs aux années 1990 sont très
recherchés, et leur prix peut monter très haut sur les
sites d’enchères d’internet.
- On doit également mentionner les insignes édités
par des écoles pour enfants sourds, ou par des Associations
de parents d’enfants sourds. Eux aussi sont des témoins
matériels de l’histoire des sourds.
Les insignes sourds, et notamment les pin’s,
peuvent être divisés en deux catégories bien tranchées :
- Il y a ceux qui ont été édités
par des associations généralistes, à but culturel
ou qui enseignent la langue des signes. Ceux-là sont faciles
à reconnaître. Ils comportent souvent au moins l’un
ou l’autre de trois emblèmes : le mot « sourd »,
une inscription en alphabet manuel (souvent le sigle de l’association
éditrice) ou une oreille barrée. Ils constituent une
affirmation de l’identité sourde. Ils montrent au monde
la langue des signes, ou du moins l’alphabet manuel. L’intention
militante passe avant l’autopromotion associative : rien ne
permet de savoir, à la seule vue des pin’s, que c’est
la Fédération Nationale des Sourds de France qui a édité
en 1992 un alphabet manuel dit « universel »
remportant un beau succès.
- Et il y a ceux qui ont été édités par
des clubs sportifs. Ceux-là donnent au chercheur du fil à
retordre : ils ne comportent généralement aucun signe
distinctif permettant de les rattacher au monde sourd, l’inscription
se résumant à un sigle : CISS pour « Comité
international des sports silencieux », CSSM pour « Club
sportif des sourds-muets »… Or, il n’y a guère
de sigle qui ne trouve ses homonymes dans le monde entendant : il
existe un pin’s du CISS, « Centre d’instruction
du Service de Santé », et un pin’s du CSSM,
« Club des Services municipaux »…
Pour reprendre la formule célèbre selon
laquelle la surdité est invisible, on pourrait en dire autant
de ces insignes. Ils fonctionnent comme signes de reconnaissance à
l’intérieur du monde sourd ; ils ne sont pas destinés
à l’extérieur, contrairement à ceux qui veulent
diffuser les valeurs sourdes dans le monde entendant.
Cette division en deux catégories, l’une qui arbore les
symboles de la surdité et l’autre qui ne diffère
en rien des pin’s de clubs sportifs entendants, reflète
bien le partage du monde sourd en deux courants, comme l’a si
bien décrit Armand Pelletier dans son
autobiographie : tout se passe comme si les sportifs sourds étaient
sportifs avant que d’être sourds.
Yves Delaporte
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